Quelques extraits : "Durant mon adolescence, le mot "juif", est soudain devenu important, sans raison, comme si j'avais pu prévoir qu'un jour, ma vie serait consacrée à l'élucidation d'une page d' histoire familiale dans un camp de concentration. Preuve à l'appui de ce pouvoir prophétique que certains, comme Hugo, attribuent à l'écriture, et auquel je crois assez, simplement parce que ce labeur minutieux, tous les sens rivés à la page, fait monter des vagues secrètes, révèle des domaines cachés, déterminants et amenés à paraître au grand jour. " (p.76)
" Mais un écrivain est un être bifide : lorsqu'on le croit investi dans l'action, il mène une autre vie, repliée, solitaire, réflexive et cette ombre qui le double a autant d'importance que la vie réelle. (...) Je cherchais mes explications, j'allais à l'origine des pourquoi comme les enfants et les fous se mettent en quête du trésor au pied de l'arc-en-ciel." (p.203)
Il y a aussi toutes ces évocations sur la peur acquise dès l'enfance, la violence qu'elle engendre et qui, de mon point de vue, est d'autant plus grave qu'on la retourne contre soi. Cela m'a beaucoup frappée, parce que mon roman "Opéra Café", publié voici bientôt 10 ans, débute ainsi : "La peur, vous connaissez ? Moi, oui. Les amis sont souvent des lâcheurs, mais elle, non. Elle est toujours là qui veille, prête à vous bondir à la gorge, à faire flageoler vos jambes. Parfois, je me dis que je n'ai pas peur mais que je suis elle. Tout entière. J'en suis pétrie, elle coule dans mes veines, sue dans chaque pore de ma peau. "
Dans "L'origine de la violence", voici ce qu'écrit, entre autres, l'auteur sur ce même thème : "La peur ne vous abandonnera jamais, pas plus que la violence. Vous demeurerez toujours l'enfant terrifié - et donc l'adulte blessé, agressé, violent. Vous aurez beau ensevelir la peur, l'entourer d'un corps de marbre et d'acier, elle ne vous quittera pas. Le mal est sans remède. "