saka

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mercredi 2 mai 2012

encore et toujours à l'ouest...

... dans les deux sens du terme, outre le fait que je crains que ce soit là mon état naturel -sens figuré-,  je pense que j'en ai rajouté une couche en revenant de NY, géographiquement à l'ouest -sens propre-, le jet lag dans ce sens-là est pour moi complètement déstabilisant, ce qui me rassure c'est que je ne suis pas la seule d'après différents témoignages d'amis. il n'en reste pas moins que New-York est une ville totalement fascinante, c'est mon deuxième voyage et séjour là-bas. La première fois que j'y suis allée, il y avait les Twin Towers, je me souviens encore du dernier étage où j'étais montée avec cette vue incroyable à laquelle il était difficile de s'arracher. Je me souviens aussi, à un étage inférieur, le vertige terrible que j'avais ressenti en regardant en bas par la paroi vitrée, au point que je ne pouvais plus bouger tétanisée par le vide qui s'étalait sous mes yeux, et mon regard s'était alors porté sur l'autre tour et sur une personne allongée le long d'une "fenêtre" en train de prendre le soleil, j'en étais malade. Le 11 septembre 2001, trois ans après, j'ai été obsédée par ce corps humain, confiant, abandonné à la chaleur du soleil -quand j'y étais, on était en juillet 1998- il s'agissait apparemment d'un jeune homme et je me demandais ce qu'il était devenu, je ne voyais que lui, je l'imaginais pris au piège de ce cauchemar, sautant dans le vide, j'espérais qu'il n'avait été que de passage comme moi et avait échappé à cette fin épouvantable. C'est étrange, devant les images terribles de ces milliers de victimes dont on entendait sur toutes les chaînes de télé l'impact de leurs corps sur le sol, je pensais tout le temps à cet inconnu, parce que, sans doute, je l'avais vu, qu'il était à ce moment-là réel, un être singulier, un individu avec toute une vie passée et présente dont je ne connaîtrai jamais rien sans doute,  offert aux rayons et à la chaleur du soleil,  je n'irai pas jusqu'à dire heureux car je n'en sais rien, le bonheur est si rare et si fugace. Mais pendant les quelques minutes où je l'avais regardé, oui, je crois qu'il était heureux. Et, il y a une dizaine de jours, à Ground Zero, devant les deux fontaines géantes commémorant les tours, je regardais les noms gravés sur les rambardes et je me demandais : "est-ce qu'il y est ?". Peut-être ou peut-être pas, mais son image restera gravée dans mon esprit, vivante.