saka

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dimanche 22 décembre 2013

les "grands lecteurs", une espèce en voie de disparition ?

Hélas, hélas, je le crains (et le déplore). Il est vrai que lorsqu'on "avoue" lire deux livres (ou trois) par semaine, on voit, dans le regard parfois effaré et souvent incrédule de son -ou ses - interlocuteur(s) que l'on est "étrange" ou bien "à part" pour ne pas dire "doux dingue" (ou carrément dingue). On est soupçonné d'être un intellectuel, espèce radicalement inquiétante, éventuellement tarée : quelqu'un qui passe tout ce temps à se repaître de l'imagination des autres a quelque chose qui ne tourne pas rond aux yeux d'autrui. "Et comment faîtes-vous pour vous tenir au courant de l'actualité ?" -ce qui veut dire la réalité du monde contemporain-  "Eh bien, je me tiens AUSSI au courant... Mais ça ne prend pas tellement de temps que ça, parce que, dans ce qu'il est convenu de nommer "actualité" il y a beaucoup d'anecdotique, de factuel  (ne parlons surtout pas de "people" extrêmement attractif parce que d'une totale frivolité et de ce fait si appétent...) et peu de profondeur, d'effort d'analyse d'une situation donnée à un instant "t" avec une mise en perspective du contexte, de l'avant, de l'éventuel après. Bref, la littérature semble à des lieues de tout cela, sauf que, un quotidien très sérieux "Le Quotidien du Médecin" a publié récemment les résultats d'une étude américaine sur la TdE (théorie de l'esprit) c'est à dire "la capacité d'inférer et se représenter les émotions d'autrui" dont la conclusion est que la lecture de textes littéraires est "une sorte d'expérience sociale(...) qui stimule l'activité de théorie de l'esprit, nous place dans une situation où nous devons réellement utiliser à son maximum notre capacité de comprendre les autres personnes." (article signé Isabelle Trocheris et dont le titre est "La littérature aide à la compréhension de l'autre").
Eh bien, après la lecture de cet article  , je me sens moins seule dans mon combat "inutile", et moins dinosaure, la conclusion de l'article en question étant une citation d'Emmanuelle Castano, professeur à NSSR et coauteur de l'article paru dans "Science" : "Nous étudions le roman littéraire comme une pratique culturelle parmi d'autres. Nous espérons qu'en général ce travail  va provoquer une réflexion sur ce que cela signifie de vivre dans une communauté qui soutient les lettres et les arts."
Lire des textes littéraires serait alors un acte militant ? Oui, oui, oui, mille fois oui !

mercredi 20 novembre 2013

Mort de Doris Lessing

Cette grande dame et immense écrivaine nous a quittés, son oeuvre a joué un rôle éminent dans ma vie -de femme et d'artisane de l'écriture-  elle occupe une rangée entière de ma bibliothèque, pas loin d'Iris Murdoch -je ne pense pas que ce voisinage lui aurait déplu- et une grande place aussi dans mon coeur. Que dire de plus, sinon, que je souhaite à tous ceux qui n'ont pas encore lu les chefs-d'oeuvre que sont "Le carnet d'or", le cycle  "Les enfants de la violence", "Vaincue par la brousse", "Nouvelles africaines" etc.etc. de découvrir cette intelligence, cette réflexion sur la société humaine, ce style, bien sûr. Ce que j'ai aimé encore c'est sa capacité de révolte, d'indignation, son refus de se laisser enfermer dans une (ou des) case(s), elle a été une femme LIBRE, et mieux encore un ÊTRE libre.
Elle avait aussi de l'humour et un sens critique toujours en éveil. Pour l'anecdote, soupçonnant qu'elle était publiée sur l'unique critère de son nom, elle avait adressé à son éditeur un manuscrit  : "Les carnets de Jane Somers - Journal d'une voisine-" sous ce nom-là (Jane Somers) qui fut aussitôt refusé. Pourtant, quand on le lit, c'est bien du Doris Lessing ! Je ne suis pas sûre que la leçon ait été comprise par l'éditeur en question et les éditeurs en général mais là, on est dans une tout autre histoire dont je n'ai pas envie qu'elle vienne grever mon hommage personnel à une femme exceptionnelle. Le monde a perdu une part de lumière.

vendredi 15 novembre 2013

la miraculeuse histoire d'un moucheron

Je n'ai pas d'amour particulier pour les mouches, surtout les grosses bleu-vert vibrionnantes mais les moucherons, modestes et silencieux, m'émeuvent comme tout ce qui est modeste et silencieux. Ce soir, alors que mon dernier verre de vin (Puisseguin Saint-Emilion) vieillissait de quelques minutes supplémentaires sur mon bureau, j'avise une petite chose, immobile et surnageante à sa surface, un moucheron donc, que j'enlève délicatement à l'aide de mon coupe-papier et dépose sur un mouchoir qui devait lui servir de linceul. A ma grande surprise, il s'ébroue aussitôt, bouge ses ailes minuscules et se met en devoir d'arpenter le mouchoir. Sauvé, non pas des eaux mais du vin ! J'ai secoué le mouchoir par la fenêtre -advienne que pourra du minuscule bestiau rendu à la nature- et, après quelques secondes d'hésitation, j'ai fini mon verre de Puisseguin Saint-Emilion, ingérant sans doute quelques infimes particules moucheronnesques, sans doute pas au péril de ma vie mais il aurait été regrettable de sacrifier à un hygiénisme excessif deux ou trois dernières gorgées de ce noble nectar.

mardi 5 novembre 2013

à propos de Liam O'Flaherty (suite)

En fait, cette référence à la "démence", permanente dans le livre dont je parlais hier, est sans doute vraie, bien que le mot me semble inapproprié. Je me demande si cet auteur n'était pas victime d'un stress post-traumatique : il s'était engagé dans la Garde irlandaise en 1915 et il a subi -sans être blessé physiquement- l'explosion d'un obus dans un trou où il s'était réfugié avec d'autres soldats, il a assisté à la désintégration et au démembrement de ses compagnons, et évacué vers un hôpital où il a, apparemment, séjourné dans un service psychiatrique avant d'être renvoyé dans ses foyers. Il raconte cela dans ce livre, et c'est un des passages qui m'ont le plus intéressée. Le côté décousu de son récit, où il parle lui-même de certains moments de confusion mentale, peut s'expliquer par ce traumatisme. Bien sûr, il était vraisemblablement misogyne comme nombre de ses contemporains (il est né en 1896) avant ce terrible événement mais j'admets que ce dernier a dû complètement bouleverser son équilibre mental. Je suis contente d'arriver bientôt à la fin de son livre, sans jamais avoir réussi à y entrer vraiment, car il est, en définitive, plutôt angoissant. Quant à sa dédicace : "J'offre ce poignard à mes ennemis", elle me semble bien traduire son état d'esprit, ses états d'esprit devrais-je dire, il en change souvent, passant d'une grande exaltation à une déréliction totale. Je me demande s'il n'inclut pas ses lecteurs parmi ses hypothétiques ennemis ?
Je ne trouve pas qu'on puisse vraiment le comparer à Céline -peut-être un peu dans le style exclamatif et flamboyant- mais pas dans son approche du sens possible de la vie.

lundi 4 novembre 2013

"à mes ennemis ce poignard" (Liam O'Flaherty)

Il y a quelques mois, j'ai acheté ce livre, à cause de son titre et de son éditeur, hélas disparu  : "Le Serpent à Plumes", qui débuta, courageusement, par la publication de nouvelles d'une grande qualité littéraire, à la présentation fort originale (très beau papier, cahiers non reliés dans pochette plastique) dont je possède la collection complète. Je ne vais pas m'étendre sur la disparition de cette revue, qui m'a fort affectée, comme bien d'autres revues littéraires ("L'autre journal", par exemple), mais celle-ci avait le parti pris de promouvoir la nouvelle comme genre littéraire à part entière -ce que vient de faire le prix Nobel de la littérature avec son attribution à Alice Munro, nouvelliste- bref, je digresse, je digresse, ce qui est totalement contraire à l'essence même de la nouvelle. La dernière digression que je m'autorise c'est que mon premier texte publié était une nouvelle dans une revue, elle aussi disparue bien sûr ("Taille Réelle"), dédiée à ce genre. J'arrête là les digressions, sinon, une fois lancée sur le thème de la nouvelle et de son triste sort en France, je peux devenir intarissable et donc : emmerdante.
Revenons donc à ce "roman" (titre de cet article) dont l'auteur est comparé à Céline, ce qui, pour moi, n'est pas une référence et peut même être complètement rédhibitoire -j'entends, d'ici, les hurlements de ses adorateurs, mais je m'en fous- et, pour tout vous dire, je ne comprenais pas ma difficulté à avancer dans cette lecture, quoi que ce narcissisme exacerbé, cette auto-flagellation complaisante me soient assez pénibles jusqu'au moment où (page 241) je tombe (littéralement) sur ce passage avec lequel je suis à peu près d'accord dans un premier temps : "... qu'est-ce que l'instinct créateur sinon une forme de démence, un déséquilibre de l'organisme physique; dû, vraisemblablement à un "manque" quelconque dans cet organisme, plutôt qu'à la présence d'une qualité que ne posséderait pas l'homme ordinaire." -puis, totalement horrifiée par la suite- : " quant aux femmes, je leur dénie cet instinct créateur, sinon dans la mesure où elles éprouvent le besoin de créer des enfants. Et ce besoin résulte en soi d'un "manque" dans leur constitution."
No comment (je suis bien trop en colère, indignée, révoltée).

dimanche 27 octobre 2013

la curiosité...

Quel est l'imbécile qui a décrété que la curiosité est un vilain défaut, réduisant ainsi ce mot à un sens péjoratif qui n'est pas celui de son étymologie ? "Curiositas" , du latin, signifie "soin". Dans une première acception : soin, souci qu'on a de quelque chose ou de quelqu'un. Puis, ultérieurement : tendance qui porte à apprendre, à connaître des choses nouvelles (toutes définitions issues du "Robert", petit ou grand, une de mes bibles de la langue française). Un être sans curiosité est un être mort (désolée du paradoxe), on pourrait dire aussi qu'il n' "est" plus, réduit à tourner en rond autour de son nombril, c'est-à-dire de ses certitudes, ses préjugés, sa paranoïa. La curiosité est l'interrogation permanente, le doute, c'est-à-dire la vie. Sans curiosité, plus de découvertes, plus d'avancées dans la réflexion.Dans les relations personnelles, la curiosité est un moteur essentiel : si l'on n'est plus curieux de l'autre, de sa vie, de ses affects, c'est qu'on le fige, qu'on l'enferme dans une idée préconçue, c'est-à-dire qu'on le tue. Alors, j'espère ne jamais perdre ma curiosité d'autrui, des choses, du devenir du monde, ne jamais être un "vivant" qui ignore qu'il est mort.

samedi 21 septembre 2013

événement...

Ce soir, j'entends un grand-duc, juste au-dessus de chez moi, dans la forêt (?) du Faron. Rien à voir avec son cousin, le petit-duc et son chant si doux, si flûté. C'est une voix profonde et grave, presque sombre et peut-être sentencieuse mais, comme tout chant d'oiseau de nuit, cela m'émeut, me concerne -non, non, je ne vais pas écrire que cela m' "interpelle", je déteste cette expression "mode" et détournée de son sens (interpeller : adresser la parole brusquement à quelqu'un pour le questionner, l'insulter -définition du "Petit Robert", édition de 1968 à laquelle je suis profondément attachée, allez savoir pourquoi...). Les rapaces nocturnes ne m'interpellent pas, ils me touchent (affectivement), m'intéressent peut-être parce que je me sens oiseau de nuit comme eux mais que les proies qui m'intéressent sont les mots, ceux que je tente d'écrire, ceux que je lis avec avidité.

lundi 24 juin 2013

à propos de lectures...

En ce moment, je lis un livre de David Lodge : "Un homme de tempérament" -roman- qui est une biographie romancée de H.G.Wells : beaucoup de faits réels mais aussi d'extraits d'oeuvres, de lettres de cet auteur (Wells) qui ne m'a jamais vraiment attirée malgré sa notoriété dans le monde des lettres. La façon dont David Lodge, qui est un écrivain que j'aime beaucoup, le décrit - l'écrit - me donne envie de le lire, alors qu'un autre "roman"  ( "L'auteur, l'auteur ! ") sur Henry James dont j'ai lu, sinon toute l'oeuvre, du moins la majeure partie, m'avait un peu déçue peut-être parce que ce James, rendu concret en tant qu'homme, ne correspondait pas à l'écrivain que j'aime et admire tant : ses nouvelles sont, pour la plupart, de purs chefs-d'oeuvre ("L'image dans le tapis" entre autres), parmi ses romans "Les papiers de Jeffrey Aspern" (peut-être plus près de la longue nouvelle ou "novela" comme disent les américains), un bijou, "Ce que savait Maisie" est un de ceux qui me touchent le plus, car cette enfant, otage du narcissisme et de l'égotisme de ses parents, m'apparaît comme une soeur et ce qu'elle vit comme l'obsession de mes propres romans. Bref, le livre de Lodge sur H.G.Wells me fait découvrir un sacré bonhomme, très certainement en avance sur son temps, alors que celui sur James ne m'a révélé que des "petits côtés" de celui qui était -et reste- pour moi, un extraordinaire écrivain.
Malgré l'intérêt que je porte à ce livre, je préfère les "journaux" authentiques des écrivains que j'ai aimés -et, pour certains que j'aime encore et toujours. J'ai adoré le Journal d'André Gide, plus que ses romans que j'ai aimés aussi mais je ne suis pas sûre que ce serait toujours le cas, le Journal d'Anaïs Nin, celui de Virginia Woolf, surtout dans sa version non expurgée, "Les mots" de Sartre, mémoires plus que journal est une de ses oeuvres que j'ai le plus aimée. Et je m'apprête à lire, avec curiosité et appétit, le journal de Joyce Carol Oates dont j'ai parlé récemment dans ce blog.
Qui a dit que la curiosité était un vilain défaut ? Je pense que c'est un moteur essentiel à la vie.

samedi 22 juin 2013

C'est jouissif l'écriture

Clin d'oeil à Christiane Rochefort -"C'est bizarre l'écriture"-
J'ai réussi à me remettre au travail sur ce texte qui, justement, me travaille. Me poursuit. Me persécute. Je crois avoir saisi l'origine du blocage et du refus de renoncer à mener ce texte à terme.
Etrange coïncidence : la lampe de mon bureau s'est éteinte brusquement comme si elle participait à ma difficulté - à mon refus peut-être- d'élucider ma réticence-résistance à mener ce travail jusqu'au bout. Ce que j'essaie d'écrire est sans doute trop "réel" pour moi. Je n'arrive pas à prendre la distance que j'avais avec des textes de fiction. J'ai failli écrire "de pure fiction" mais je ne crois pas qu'il y ait de "pure" fiction. Je crois qu'il y a, dans tout texte même dit "roman" une part autobiographique, l'expression d'un vécu, d'une sensation, le souvenir d'un lieu, d'une sensation. Je pense qu'il n'y a pas d'imaginaire "pur", il y a de l'imaginaire ET du vécu, de l'imaginé et du transposé. Dans mon texte sur les marâtres justement, il n'y a que du vécu, de la réminiscence, pas de transposé, pas d'imaginé, c'est sans doute une des raisons pour lesquelles "ça" coince, je trahis mon identité de romancière et n'arrive pas à endosser celle de "mémorialiste", je ne peux me résoudre à romancer cette histoire personnelle dans laquelle en tant qu'enfant puis adolescente et enfin -si peu- adulte j'étais totalement objectivée, impuissante et pourtant présente, si douloureusement présente. Je ne sais pas pourquoi je m'obstine mais, c'est sans doute idiot, je suis -presque- sûre que d'autres ont vécu, non pas la même histoire mais une histoire semblable et j'ai la présomption de croire que je peux mettre des mots sur leur histoire à eux et les aider à l'élucider. Parce qu'il me semble que l'essentiel est là : voir clair, comprendre ce qu'il nous est arrivé quand on n'était pas encore armé pour s'en défendre et enfin pouvoir s'en libérer.
Alors, oui, c'est jouissif l'écriture même quand ça fait mal à mettre au monde, c'est maso l'écriture et donc c'est bizarre aussi.

lundi 17 juin 2013

triste nouvelle...

Je viens d'apprendre par la radio la mort de Maurice Nadeau, grand éditeur, VRAI éditeur à l'affût de talents nouveaux, c'est une grande perte pour la littérature. Il disait lui-même dans une interview qu'il s'était fait virer par bon nombre de maisons d'édition parce qu'il leur faisait perdre de l'argent, le but de la plupart des éditeurs de l'hexagone étant d'en gagner beaucoup au mépris de l'appauvrissement  de la littérature avec un grand L. Maurice Nadeau ne cherchait pas des "coups" ni des "produits" mais des livres, des styles, des écritures, toutes choses qui tendent à disparaître des tables surchargées des libraires. Maurice Nadeau était un éditeur exigeant dont les choix étaient dictés par cette exigence, un homme de culture et un homme indépendant.
Il est un des rares éditeurs (il y a eu Hubert Nyssen aussi ) qui m'ait écrit -à la main- une lettre intelligente et sensible après avoir lu un de mes manuscrits et concluant sa lettre par cette phrase qui m'a beaucoup portée : "vous êtes un écrivain, je le sais, je le sens", ceci après m'avoir dit qu'il ne publierait pas ce manuscrit parce qu'il ne l'avait pas entièrement "convaincu" mais que je devais continuer mon travail. Qu'il soit ici remercié pour m'avoir fait ce cadeau qui m'a permis de conserver  un peu de confiance en moi et de poursuivre mon chemin, si étroit soit-il.

jeudi 13 juin 2013

Joyce Carol Oates sur France Inter...

Bel acte manqué : j'ai oublié de l'écouter ce lundi (10 juin 2013) dans l'émission de François Busnel "Le grand entretien"  mais grâce aux bienfaits de la technique, j'ai pu le faire aujourd'hui en différé sur le site de France Inter. Interview tout à fait passionnante, bien sûr -pour moi qui suis une fan de cette écrivaine- je pense que je vais me précipiter pour acheter son "Journal" car c'est un journal d'écrivain(e) et non pas un journal intime et il se trouve que j'ai ce point commun avec elle depuis tant d'années : journal, non pas d'un quotidien qui n'intéresse pas grand monde à part son auteur mais sorte de tremplin où l'on note les idées qui nous traversent, idées d'histoires à écrire, idées sur ce que l'on est en train d'écrire, notes, réflexions. Christiane Rochefort tenait le même genre de journal dont elle a extrait "C'est bizarre l'écriture", journal de l'écriture de "Printemps au parking" dont j'ai la chance de détenir le brouillon ou les prémices en sus de l'oeuvre publiée.
Ce genre d'écrit, en ce qui me concerne, tient lieu d'exorcisme à la malédiction de la page blanche. Et c'est ce que disait aussi Joyce Carol Oates, incapable de se mettre en face d'une page (blanche, bien sûr) mais à partir d'idées qui lui ont traversé l'esprit pendant qu'elle courait ou lors d'une activité physique, comme de petits films, des images, quelque chose de visuel : autre point commun entre elle et moi. Derniers points communs : elle a commencé à écrire quand elle était enfant et à lire, lire et encore lire, une des oeuvres parmi celles qui l'ont beaucoup marquée : "Alice au pays des merveilles". Pour elle -comme pour moi-, l'apprentissage de l'écriture trouve essentiellement sa source dans la lecture des écrivains qui l' (m') ont précédée. Il ne s'agit pas de copier mais de se nourrir des écrits des autres pour donner naissance à sa propre écriture.
Autre chose qui m'a fait me sentir en symbiose : dans ses lectures, elle ne s'attache pas uniquement à l'histoire qu'on lui raconte mais à sa construction, le fond certes, mais surtout la forme. Quand j'animais des ateliers d'écriture, je me réjouissais de ce que les participants devenaient  des lecteurs critiques et sensibles à la forme : construction du récit et singularité du style.
Bien entendu, nos points communs s'arrêtent là : Joyce Carol Oates est une immense écrivaine, d'une prolixité stupéfiante (elle aurait peut-être dû (pu ?) avoir le prix Nobel mais qui sait ?), moi je ne suis qu'une petite écrivaillonne inconnue MAIS très exigeante (trop ?) et dépourvue de toute confiance en soi. Pourquoi ? Peut-être à juste titre, peut-être aussi pour d'autres raisons d'ordre personnel (historique familial) et bien entendu... névrotique : ouah ! les chiens sont lâchés !

dimanche 12 mai 2013

Admiration et indignation

Admiration pour ces pakistanais qui sont allés voter en masse (plus de 60°/°/), malgré les menaces et les attentats des ignobles fanatiques talibans, dans l'espoir de l'instauration d'une véritable démocratie, admiration pour les femmes surtout -candidates et votantes qui mettent réellement leur vie en danger - . Vous,  citoyens et électeurs français et européens qui avez la chance de pouvoir voter en toute liberté et sans risque, prenez-en de la graine ! Je pense surtout à ces inconscients ignorants de leurs privilèges braillant, à propos du "mariage pour tous", qu' "on n'est plus dans une démocratie" ! Je sais, j'en ai déjà parlé mais je suis réellement indignée devant tant de sottise (je me modère, là, parce que j'ai, au bord des lèvres, des mots beaucoup pus violents et grossiers).
Venons-en, justement, à l'indignation : 1087 morts au Bangladesh, 1087 morts pour que le monde occidental puisse se vêtir à bas prix de tee-shirts et autres fringues, 1087 morts qui se rajoutent à tous ceux dont on n'a pas parlé parce que ils n'étaient pas en nombre suffisant pour mériter des premières pages de quotidiens ou de journaux télévisés. Il y a une inégalité jusque dans la mort : l' attentat de Boston a "fait" 3 morts et une centaine de blessés, c'est déjà beaucoup trop, c'est injustifiable comme tout attentat islamiste ou autre, mais la mort de 1087 êtres humains, délibérément mis en danger et sacrifiés par des conditions de travail indignes, et due UNIQUEMENT au souci d'une rentabilité commerciale, me semble tout autant -sinon plus- révoltante, absurde et injustifiable.
Mesdames et messieurs les manifestants "contre le mariage pour tous",  je vous propose d'investir votre énergie chrétienne dans une manifestation "pour le respect de la vie pour tous". Je parle, bien entendu, de la vie pour tous ceux qui sont déjà là, présents sur cette terre, et qui fabriquent, entre autres,  vos tee-shirts revendicatifs à bas prix au péril de leur vie parce que ils n'ont pas le choix, EUX, et que ce boulot de merde est leur survie.

mercredi 24 avril 2013

24 avril 1998

Aujourd'hui, cela fait très exactement 15 ans que Christiane Rochefort nous a quittés.
Je relis, ce soir, certains passages de ses deux derniers livres "Adieu, Andromède" et "Conversations sans paroles" (1997), je me souviens qu'elle me lisait ce qu'elle écrivait au fur et à mesure et qu'elle me demandait mon avis -à ma grande confusion- et qu'elle se mettait en colère quand je lui faisais part de mes craintes quant à ma compétence. Sa dédicace à "Adieu, Andromède" en témoigne : "A Sylvette, à condition qu'elle cesse d'être maso, et elle va...".
J'ai du mal à comprendre qu'elle soit à ce point ignorée, qu'un quotidien comme "Libération" ait pu publier il y a quelques années le "palmarès" des 100 meilleurs écrivains du 20ème siècle sans qu'elle y figure, elle, dont le style, l'écriture, l'humour au second degré, sa merveilleuse férocité sur tous les maux de notre société, son avant-gardisme et son intuition de ce que notre monde allait devenir tant sur le plan de l'écologie que de l'économie et du social, la mettent au premier plan des écrivains prémonitoires, intemporels c'est-à-dire de ceux qui ne se démodent jamais.
Ses deux derniers livres sont un condensé de toute son oeuvre, une sorte de testament adressé à l'homme -au sens d' humanité- , et je défie quiconque -aimant la vraie littérature, cela va de soi- de ne pas désirer lire tout ceux qui les ont précédés.
Je ne peux m'empêcher de citer un extrait  de "Conversations sans paroles" :
"Ce livre, si ça en devient un, ce que pour l'instant j'ignore, ne vise pas à raconter ma vie -chose pour moi sans intérêt vu que je la connais déjà.
 Ce sera, si j'y parviens, à travers ses divagations, et ses émerveillements, l'histoire autrement remarquable, bien que beaucoup moins remarquée, de ce que portent les yeux, de ce qu'ils délivrent, et échangent, au-delà des paroles, et sans elles.
Je ne sais pas si je vais m'en tirer. "

Et la dédicace qu'elle m'a faite de ce livre : " Pour  Sylvette R.
en célébration
de nos chouettes
"Conversations sans paroles"


dimanche 21 avril 2013

je suis pour le mariage pour personne !

Je n'en peux plus d'entendre rabâcher sur toutes les stations de radio, de télé, les comptes rendus des manifs CONTRE le mariage pour tous, des contre-manifs POUR le mariage pour tous, je n'en peux plus de cette hystérisation entretenue par des gens en mal de publicité, des barjot(e)s à la grande bouche, et grande gueule de surcroît, ex-humoristes qui ne font plus rire personne et qui ne se remettent pas d'être tombé(e)s dans l'oubli, des députés qui, si le ridicule tuait, seraient déjà morts plusieurs fois, ceux qui invoquent, évoquent des "enfants qu'on assassine" ??!! On a déjà entendu ça à propos de la légalisation de l'avortement, et, me semble-t-il, c'était alors plus pertinent même si je ne partage pas ce point de vue, mais le mariage pour tous qui assassine des enfants c'est le plein délire, une fantasmagorie du pire mauvais goût, le mariage - pour tous ou pas - ne signifie pas forcément la procréation, il y a des gens "très bien" c'est-à-dire parfaitement hétéros (ouf, ouf ! ouaf, ouaf !) qui ne souhaitent pas avoir d'enfants, personne ne les traite d'assassins, que je sache...
Je suis accablée par la propagation de la connerie à la vitesse grand V qui gangrène la société, accablée par des déclarations du genre de la dernière que j'ai entendue, d'une "manifestante" -contre le M.P.T, c-à-d "mariage pour tous"- trop heureuse d'être interviewée comme une "people"  : "on n'est plus dans une démocratie", "cet état est anti-démocratique" et bla, bla,bla et bla, bla,bla... Si j'étais méchante (je suis juste exaspérée), je souhaiterais à cette "brave" dame de vivre sous une dictature où il n'y aurait AUCUNE manifestation autorisée, où, si elle ouvrait sa gueule un tant soit peu elle se retrouverait illico en taule (pas en "tôle" qui est une faute d'orthographe et de sens évidente mais, hélas ! pas pour tous), éventuellement déportée en camp de concentration ou au goulag ou dans un équivalent de notre monde contemporain.
Je suis accablée d'appartenir à un pays, un peuple qui fût celui de la Déclaration des Droits de l' Homme (personnellement, je suis plutôt favorable à une modification de cette expression en Déclaration des Droits Humains pour des raisons évidentes, en particulier celle où je refuse de me définir comme "homme" même avec une majuscule), un pays, donc, qui s'avère rétrograde, néo-libéral, néo-conservateur, anti-laïque, un pays où la pensée, l'intelligence, la tolérance se meurent.

mercredi 17 avril 2013

retour au livre de Joyce Carol Oates

Celui dont je parlais hier : "J'ai réussi à rester en vie", dont le titre original est beaucoup plus sobre d'ailleurs : "A widow's story". Pourquoi ne pas avoir gardé ce titre en français : "Une histoire de veuve " ? Je suppose que l'éditeur a préféré quelque chose de plus glamour, pour ne pas dire plus vendeur, et plus général aussi : "une histoire de veuve" risque de n'intéresser que des personnes concernées -et lectrices de surcroît-, alors que "j'ai réussi à rester en vie" interpelle (j'ai horreur de cette expression) donc, disons, concerne un beaucoup plus grand nombre de personnes. Pour les lecteurs potentiels qui ne lisent pas la quatrième de couverture, ne feuillettent pas le livre avant de l'acheter, combien sont susceptibles d' avoir "réussi à rester en vie" ? Beaucoup, je suppose, étant donné les épreuves que doit surmonter tout être vivant, pas seulement humain, mais les autres n'ont pas la capacité d'écrire. Bref, je ne veux pas faire le procès du marketing dans le choix des titres de livres, traduits ou non, parce que, après tout, je n'aurai peut-être pas acheté ce livre s'il avait été intitulé "Une histoire de veuve", quoique le seul nom de l'auteur aurait été, pour moi, incitateur.
Ce que je voulais ajouter à mon message d'hier, c'est que j'ai acheté ce livre d'occasion chez un bouquiniste et que de nombreux passages en étaient soulignés, ou bien mis entre crochets, et cela m'a beaucoup émue, car ce récit de Joyce Carol Oates était manifestement en symbiose avec ce qu'avait vécu la lectrice précédente et, pendant que je lisais, je devenais particulièrement attentive à tout ce qu'avait souligné cette femme (cela aurait pu être un homme, mais mon intuition me dit que non),  et je ne pouvais m'empêcher de me la représenter, de trouver des indices sur son identité sociale, son propre vécu et l'écho douloureux que ce récit éveillait en elle, au point que j'ai eu le désir d'écrire un roman dont la lectrice de ce livre serait l'héroïne, avec une vie que je lui inventerais, et c'est là que je fais le lien avec le passage que j'ai cité dans mon message précédent : " ... c'est que je suis submergée d'idées de nouvelles, de poèmes, de romans...etc..." (je ne vais pas tout réécrire, voir ce message d'hier, s'il y en a que ça intéresse). Je trouve cette mise en abyme vertigineuse : une femme-écrivaine- lit le livre d'une autre femme -écrivaine- "commenté" très discrètement (soulignage) par une précédente lectrice ( et pourquoi pas écrivaine ?) et a le désir d'imaginer et d'écrire ce qu'a pu vivre cette lectrice, à partir, et seulement, de ce qu'elle a souligné. Voilà. Mais, retour encore au message précédent : "trouver l'énergie, la force".
Tant de frémissements, de désirs fugaces mais impérieux finiront peut-être par aboutir. Me vient à l'esprit un fragment de poème -mais qui, mais quoi ? à l'aide, mes lecteurs (s'il y en a)- : "et comme l'espérance est violente".

mardi 16 avril 2013

la pire des censures

C'est celle que l'on s'inflige. Si, au moins, on pouvait en identifier la raison... Je souffre de ne pas écrire mais, quand il me vient des idées, des sortes de "fulgurances", je ne prends même plus la peine de les noter, saisie par une sorte d'  "aquoibonisme" -je sais, c'est un affreux néologisme mais, au point où j'en suis...-, bref un tas de bonnes raisons (indéfendables bien sûr et, nonobstant, exécrables). Cependant, j'ai réussi à en trouver une qui, peut-être, tient la route, en lisant le livre de Joyce Carol Oates, écrivain(e) que j'aime beaucoup : "J'ai réussi à rester en vie", où elle raconte la perte brutale de son mari et l'horreur de ce veuvage inattendu. J'ai acheté ce livre en me disant que je n'étais pas concernée, Dieu merci, mais sur l'injonction, soudain, d'une phrase d'un de mes romans qui m'est revenue à l'esprit : "je suis veuve de père" qui était une allusion au terme de "veuve de guerre", en soi assez étrange dans son raccourci sémantique (veuve, à cause de la guerre qui a emporté un époux aimé, ou pas, ou peu, laissons à chacune son histoire singulière). Ce qui m'a attirée et entraînée dans ce récit, outre mon intérêt pour son auteur, c'est qu'il était question d'un deuil et, qu'en le lisant, j'ai retrouvé nombre de sentiments, de "choses vécues", pour reprendre un titre de Victor Hugo que j'ai tant aimé, que j'ai ressenties et ressens encore, depuis la mort de ma mère. Je me suis découverte, ô ironie, "veuve de mère" et, en particulier, en ce qui concerne l'écriture et mon incapacité à y revenir, alors que je sais que c'est ce qui me définit et donne sens à ma vie.
Passons sur le sentiment de culpabilité : je n'en ai pas fait assez, je n'ai pas été assez présente etc. etc., qui doit être le lot commun de nombre d'endeuillés, pour citer seulement un paragraphe de ce récit, qui a trait à l'écriture bien sûr : " Ce qui est étrange et déstabilisant dans ma vie actuelle, ce dont je ne peux parler à personne -ne serait-ce que parce que cela paraîtrait parfaitement insignifiant- c'est que je suis submergée d'idées de nouvelles, de poèmes, de romans -de romans entiers!-qui, l'espace d'un éclair me traversent l'esprit, à la façon de ces images hallucinatoires qui nous viennent quand nous sombrons dans le sommeil; des idées qui apparaissent, s'épanouissent et disparaissent en quelques secondes, quasiment chaque fois que je ferme les yeux. Et je suis certaine que -si j'en avais le temps- si j'avais le temps, l'énergie, la force, l' "inspiration"- je pourrais leur donner une suite, comme je l'ai fait si souvent par le passé."
Loin de me comparer à Joyce Carol Oates, immense écrivain, je reprends cependant à mon compte cet extrait de ce très beau livre, avec un bémol : maintenant, j'ai "le temps", même s'il est vrai que toutes les démarches, paperasseries et autres tracas administratifs qui suivent la perte d'un être aimé vous plongent dans un état second ; une fois tout cela terminé -pour moi, cela va faire trois ans-, il manque encore "l'énergie et la force". A cela, j'ajouterai que la culpabilisation ayant été la base de mon éducation et de mon "élevage", s'en affranchir est un défi supplémentaire et met la barre très, très haut !

mercredi 20 mars 2013

"L'écrivain et l'autre" de Carlos Liscano

J'ai acheté ce livre au "Festival America de Vincennes en septembre 2012. Il est devenu un de mes livres de chevet, bien que, par moments, il me déprime et me réconforte en même temps, il me déprime parce que je me retrouve tellement qu'il me semble avoir écrit moi-même certains passages, et me réconforte parce que, à partir d'un constat pessimiste mais réaliste des affres de l'écrivain, il en a quand même fait un livre !
Exemple : "Difficulté à écrire, plus qu'il y a vingt ans. Sans l'élan, sans l'envie, sans l'innocence avec lesquels j'écrivais autrefois. Ou la foi et la violence qui me motivaient alors. Je me répète, je reviens aux mêmes choses. Enfermé. Je ne sais pas comment sortir de la répétition. Je me dis que la seule façon d'en sortir ce n'est pas de penser. C'est d'écrire. "
Et voilà. Bel exemple du serpent qui se mord la queue et de l'angoisse de l'écrivain qui n'écrit plus, ou qui écrit des radotages et qui vit douloureusement la difficulté à assouvir son désir, toujours présent, lui ! Avec, en prime, la hantise que la difficulté se mue en impossibilité, impuissance, incapacité, tous les trucs sympas en "im" (ou "in"). Redouter tout ce qui commence par "im" sauf "imaginaire" qu'on espère tant im...muable.

vendredi 18 janvier 2013

notes de lecture et d'ouïe...

En reprenant ce soir ce que je nomme mes "carnets noirs" (précédemment intitulés "carnets geignoirs"), je retrouve une citation extraite d'un livre de Siri Hustvedt "Elégie pour un américain", citation elle-même issue de la préface d'un livre de Kierkegaard "Ou bien... ou bien..." :
" Peut-être avez-vous gardé au fond du coeur un secret que vous considériez, dans sa joie ou sa douleur, comme trop précieux pour être partagé avec qui que ce soit."
Et, prise d'un brusque désir de classer un tas de petits papiers en vrac dans mon agenda, je suis tombée sur cette autre citation, notée en août 2008, de Flaubert : "Chacun a dans le coeur une chambre royale. Je l'ai murée mais pas détruite." Je me souviens de l'avoir entendue dans une émission de France Culture, en voiture, sur la route des vacances, et de m'être sentie extrêmement concernée.
Quatre ans après, voilà que je retranscris cet extrait du livre de Siri Hustvedt, très proche de celui de Flaubert. C'est étrange, cette permanence d'une préoccupation ou peut-être d'une obsession, en tout cas d'une pensée qui nous a précédés et dans laquelle on se retrouve au fil du temps ou malgré ce passage du temps.

mercredi 16 janvier 2013

l'albatrautre...

Comme l'albatros, l'écrivain(e) s'il se pose, se repose, ne peut plus s'envoler, l' élan perdu est impossible -soyons optimiste, disons difficile- à retrouver. L'absence de travail tue le mouvement, le désir d'avancer (de voler ?) plus haut, plus loin, plus longtemps. On s'appuie sur des lectures comme sur l'appel du large, de l'horizon et du ciel infini mais ça ne marche pas forcément. L'essentiel (ciel) est de tenir bon, alors parlons lectures : je ne cesse de suggérer à tout un chacun "Passagère du silence" de Fabienne Verdier, très en retard par rapport à une actualité littéraire, mais une découverte qui m'a tellement emballée, une quête artistique et une quête de soi, une aventure exceptionnelle très bien écrite de surcroît, par une femme exceptionnelle bien sûr. L'un entraînant l'autre, je suis passée ensuite à la lecture de Charles Juliet : "Entretien avec Fabienne Verdier", petit livre par son format mais d'une telle densité que je lis puis repars puis reviens, dans une sorte de tango, pas intellectuel mais sensoriel : bonheur du style, de la langue et de la profondeur de pensée. Ce qui m'a renvoyée à un autre livre de Charles Juliet, qui est un écrivain et poète que j'aime beaucoup : "Dans la lumière des saisons" et en voici un extrait : "Les seuls chemins qui valent d'être empruntés sont ceux qui mènent à l'intérieur. Et lorsqu'on pénètre dans sa nuit, la première chose qu'on découvre, c'est qu'on est captif d'une geôle. Y demeurera-t-on toute son existence ? Ou réussira-t-on à s'en échapper ? "
Je vais m'arrêter là sinon je vais recopier la moitié du bouquin et je risque d'avoir des ennuis avec l'éditeur, mais là encore je vais insister : lisez, lisez, ce sont des choses essentielles.
Mine de rien, j'ai réussi à caser trois bouquins hors mode, prix littéraires et "play list" (si on peut qualifier la littérature de cette appellation ). Enfin, je suis sans doute trop optimiste pour ce qui est de "caser", j'espère au moins avoir réussi à inciter et je crois que ceux qui auront cédé à cette incitation ne le regretteront pas.