saka

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lundi 29 août 2011

extraits de la préface de "Musique pour caméléons" de Truman Capote

"J'ai commencé à écrire à huit ans -comme ça, d'un coup, sans être inspiré par le moindre exemple. Je n'avais jamais connu personne qui écrivit.(...) Un jour, je me suis donc mis à écrire, ignorant que je m'enchaînais pour la vie à un maître très noble mais sans merci. Quand Dieu vous gratifie d'un don, il vous gratifie aussi d'un fouet ;.  et ce fouet est strictement réservé à l'autoflagellation." (...)
Avant même de lire ce texte et donc cette préface, Christiane Rochefort m'avait dit  : "Dieu t'a fait un don, tu n'as pas le droit de le négliger." J'ai été très frappée ( bing et bang  ! ) par cette coïncidence (?) d'autant plus que moi aussi j'avais commencé à écrire à sept ou huit ans et que : (suite de la préface)
"Je trouvais cela très amusant - au début. Cela cessa de l'être lorsque je compris la différence entre ce qui était bien ou mal écrit et fis ensuite une découverte encore plus alarmante : la différence entre ce qui était très bien écrit et l'art véritable : une nuance subtile mais impitoyable. Après quoi le fouet s'abattit ! "

Voilà. Pour tous ceux qui écrivent, ces mots sont à méditer, à lire et relire, magnifique et exacte définition de la difficulté de l'art d'écrire, de tout autre art aussi (peinture, sculpture, composition musicale, photo etc.), cette "nuance subtile mais impitoyable" du "très bien écrit (peint, sculpté, etc. )"et de l'art véritable, l'art de créer sa propre interprétation, sa propre musique -pas forcément pour caméléon- son propre vécu, ressenti, tout en réussissant à le partager avec d'autres. Et le fouet ne cesse de s'abattre ! Et quand il ne s'abat pas ou qu'il me laisse sans réaction - depuis plusieurs mois c'est le cas- je ne trouve plus vraiment de sens à ma vie.

samedi 27 août 2011

à propos de Truman Capote

Je viens (enfin !) de lire l'interwiev de Truman Capote publiée dans "Le Nouvel Observateur" du 4 au 10 juillet 2011. J'avais acheté ce numéro du "Nouvel Obs" après en avoir entendu parler à la radio et ce soir m'a paru le bon moment pour le lire, je ne sais pas pourquoi. Truman Capote est un nouvelliste hors pair, même s'il a été plus ou moins découvert en France, ou en Europe, pour son roman-enquête-témoignage : "De sang-froid", ouvrage tout à fait passionnant et remarquable. Pour moi, cependant, et pour Christiane Rochefort à qui j'avais prêté ce recueil de nouvelles :"Musique pour caméléon", les nouvelles et la préface ont été éblouissantes, nous en avons longuement parlé toutes les deux. La préface est une réflexion sur le travail d'écriture et son analyse d'une extrême clairvoyance. Peut-être arriverai-je à en parler plus précisément un jour ou un soir, mais, là,  je suis vraiment fatiguée. Je ne peux simplement qu'insister : pour ceux qui se passionnent pour la littérature et le travail de l'écriture littéraire, il faut lire "Musique pour caméléon" (en France, en "Folio", me semble-t-il) et surtout cette préface, pure merveille de réflexion sur l'écriture et l'importance extrême du style.
Dans l'interview, Truman Capote cite des auteurs dont j'ai lu toutes les oeuvres et que j'aime autant que lui : Flaubert, Tourgueniev, Tchékov, Henry James,, Rilke,  Maupassant, Proust, Willa Cather et bien d'autres. Tous, grands parmi les grands, à lire, à déguster, passionnément.

jeudi 18 août 2011

à propos de Céline (Louis Ferdinand)

J'ai vu ce soir sur la chaîne "Histoire" un documentaire en trois parties sur Céline, qui date de 1976, réalisé par Claude-Jean Philippe (ah ! le "Ciné-Club" de France 3 qui, à l'époque, devait avoir une autre dénomination) et Monique Lefèvre à qui je demande pardon de ne savoir absolument plus qui elle était. C'était intéressant, mais j'ai plusieurs regrets : les gens qui s'exprimaient n'étaient pas toujours identifiés par un sous-titre inscrivant leur nom, donc, en-dehors de Philippe Sollers, reconnaissable malgré ses presque trente ans de moins,  Michel Polac, Barjavel, il y en a d'autres qui étaient totalement non identifiables, c'est quand même dommage pour ma curiosité et surtout pour eux. Ce qui m'a beaucoup dérangée, c'est que à propos de l'antisémitisme de Céline et des ignominies qu'il a écrites à ce sujet, les uns et les autres tentaient de trouver des arguments pour justifier cet aspect totalement odieux et insupportable, et tout au moins le minimiser et qu'en définitive, aucun de ces arguments n'était convaincant, et j'ai même été indignée par la lâcheté de certains de ces propos. Tous ces braves gens étant convaincus du talent, du génie de Céline, voudraient bien effacer cette tâche indélébile et inexcusable qui pénalise son oeuvre. Est-ce vraiment recevable de dire "c'était un homme du 19ème siècle", c'étaient les "valeurs de la France en ce temps-là MAIS c'était un génie". Et alors ? Et après ? Cela ne me convainc que d'une chose, c'est que personne ne peut prétendre au génie à 100°/°. Et peut-être d'une autre chose, c'est que, si le génie peut dispenser d'une morale humaine "a minima", alors je me réjouis de n'être pas un génie. Ceci dit, je vais faire un effort : tenter de relire au moins "Voyage au bout de la nuit", les autres m'étant tombés des mains sans espoir, ni désir d'y revenir. Il est bien possible que je préfère l'humanité au génie et je ne m'en sens pas plus bête pour autant.
Aux yeux des inconditionnels de Céline -s'il y en a qui lisent ces modestes réflexions- je vais passer pour une pauvre débile intellectuellement sous-développée, mais qu'ils sachent que leur jugement ne m'atteint en rien, vraiment rien : antisémitisme et autre forme de racisme témoignent à mes yeux -et mes oreilles- pour ceux qui en sont atteints d'une forme de défaut de raisonnement et d'intelligence totalement rédhibitoires.

lundi 15 août 2011

de retour d'Alsace...

Eh oui ! J'ai découvert -trop rapidement et donc mal- une région magnifique, j'étais dans un hôtel bio-spa au coeur du parc régional des Vosges, l'hôtel est génial, le spa, la cuisine, le cadre, tout est parfait. Cinq jours de pur bonheur, dans une forêt dune variété, d'une densité telles que nous ne pouvons les imaginer, nous habitants du Sud-Est, des arbres immenses, majestueux... Bref, un changement total. Qu'est-ce que ça fait du bien de partir ! Evidemment, j'ai lu, lu, en quantité : le dernier Fred Vargas, excellent (mais je suis une fan, donc pas forcément objective), "Un été sans les hommes" de Siri Husdvet -désolée, mais pas sûre de l'orthographe de son nom et comme je l'ai prêté, je ne peux pas vérifier-, un polar terrifiant  : "Au-delà du mal" de Shane Stevens, "La délicatesse" de David Foenkinos, je dois dire que j'ai été agréablement surprise, vu le succès et les divers prix remportés par ce livre je m'attendais au pire, eh bien non ! j'ai aimé l'écriture, l'histoire, l'humour qui permet de ne pas tomber dans le mélo. Bref, j'ai beaucoup lu, beaucoup regardé, beaucoup écouté la nature. Pas de petit-duc là-bas, je suis un peu triste de ne l'avoir que brièvement entendu et même pas aperçu, les trois jours de juillet où j'étais dans la maison du Gard. Quand j'y reviendrai en septembre ou octobre, il aura déjà migré. J'en parle toujours au singulier, mais il est évident qu'ils sont plusieurs, et nombreux, cependant j'aime l'idée qu'il n'y ait qu'un seul petit-duc pour moi, un seul interlocuteur ou bien, au pire, qu'ils se passent le message, de génération en génération : "il y a, dans ce petit village du Gard, une humaine qui nous parle". J'espère qu'il(s) va(vont) chanter leurs trois notes de flûte dans le cimétière de Calvisson où ma mère repose depuis exactement 13 mois, le 16 juillet 2010 auprès de mon frère et selon son voeu avec mon livre dans son cercueil " un froissement d'aile" où je parle du petit-duc et de nos échanges. Je pense que ce voeu stupéfiant pour moi - je craignais qu'elle lise ce livre et le déteste, vu le tableau abominable de mon enfance- est surtout dû au chapître sur son frère et donc mon oncle, tant aimé, et qu'il ait -ce chapître- totalement évacué ou minimisé le reste. Je n'oublierai jamais le jour où elle m'a dit : "J'aime tellement ce livre que je veux être enterrée avec". Mystère de la littérature (bien grand mot pour moi et mon "oeuvrette") et/ou de l'écriture puisque le précédent roman "Bleu amer" l'avait tellement traumatisée, alors qu'il n'était pas autobiographique, de toutes façons beaucoup moins que la première partie d' "un froissement d'aile" (histoire d'une petite fille, puis femme, dont la mère est morte dans sa petite enfance) et dont elle m'avait dit  : " Est-ce que tu as autant souffert dans ton enfance ? " Maintenant que j'écris à ce sujet, je me demande si elle n'a pas interprété la mort de la mère de l'héroïne du roman comme une mort symbolique de sa part, c'est-à-dire son incapacité à assumer son rôle de mère, protectrice, alors que ce qu'elle nous demandait c'était de la protéger, nous, "leurs" enfants de la défection de son mari et notre père, qui n'était pas du tout "notre père qui êtes aux cieux", mais celui qui nous entraîne vers l'enfer dans la déchéance et l'incapacité de retenir son amour.
Eh bien l'Alsace m'aura mené loin, très loin. Ce qui est intéressant, c'est je ne suis pas passée loin de la ville natale de mon père  : Nancy". Il paraît que c'est une très belle ville.