... Que je n' ai pas écrit. Mais j' ai beaucoup lu. Une autre façon d' échapper à la réalité, j'ai lu des livres en quantité, je retiens surtout "Le lièvre de Patagonie" de Claude Lanzmann, passionnant de la première à la dernière page, l' itinéraire d'un homme, d'un intellectuel, d'un créateur, dans ces soixante dernières années, une pensée d' une richesse et d'une intelligence immenses. Lu aussi "Ramon", biographie de Ramon Fernandez par son fils, Dominique, même si ce rapprochement semble incongru, il y a là aussi un itinéraire personnel qui s' achève presque parallèlement au moment où Lanzmann situe ses mémoires, dans ces quelques années cruciales de l' occupation et du pouvoir nazis sur le monde où certains faisaient le "bon choix" et d' autres se fourvoyaient, alors qu 'il y a là deux hommes intelligents, l' un au début d' une vie d' engagement et de remise en question courageusement assumée (Lanzmann), l' autre à la fin -prématurée- d'une vie d' engagement et de remise en question jusqu'à ce que celle-ci s' efface au profit d' un aveuglement suicidaire (Ramon Fernandez), et d' un attachement à un chef jusqu'à l' adhésion à ses erreurs tragiques. Pourquoi ? Il me semble, non, je suis certaine, qu' aliéner sa pensée, sa conscience, sa réflexion à celle d'un autre est une démission de son être propre, un suicide intellectuel. Pas de "chef", jamais ! Quoi qu'il arrive, garder sa liberté de pensée, sa capacité de critique, et surtout d' autocritique, même si ce terme a été galvaudé par des idéologies mortifères, ce qui est un pléonasme : toute idéologie est non seulement mortifère mais mortelle pour ceux qui en sont les victimes, consentantes ou non.
Une autre très belle lecture, apparemment sans aucun rapport avec les autres, sinon, là encore, une expérience humaine, de femme plus précisément, ce qui ne veut pas dire que les hommes ne soient pas concernés par ce livre, bien au contraire, un roman où se mêlent réalité et fiction, rêve - ou cauchemar - et vécu, une écriture superbe, une histoire (des histoires...) envoûtante(s). Ça s' appelle "La maison des temps rompus" de Pascale Quiviger, Editions du Panama, 2008.