... ainsi que le disait de Gaulle. Mais avant la vieillesse, il y a le "vieillir", qui passe totalement inaperçu -ou presque, pendant un certain laps de temps- et où, avant le naufrage, on sent qu'on est juste en train de naviguer à vue, c'est-à-dire sans réelle appréhension de ce qui est à venir et sans certitude aucune d'accomplir ce que l'on se croyait toujours à temps d'accomplir. Cela peut durer plus ou moins longtemps -on espère le plus longtemps possible, bien sûr- mais il y a un moment, un instant, où ça y est, on sent qu'on a basculé d'un temps illimité ou qu'on croyait tel à un temps compté, non plus indéfini et irréel, mais défini et pas forcément plus réel, et c'est là que le bât blesse : notre temps ne s'ouvre plus devant nous telle une voie royale mais se ferme, se rétrécit et pourtant on ne peut imaginer le moment où il ne sera plus. C'est sans doute la grâce ou la malédiction de la condition humaine, c'est, de toutes façons, son ambiguïté et ce qui en fait son prix, même quand il y a de moins en moins d'avenir, on est toujours en devenir jusqu'à l'heure ultime où on devient encore sans doute mais on ne sait ni qui, ni quoi, ni vers quelle destination.
C'était ma minute de philosophie du Café du Commerce. Et, ceci dit, je n'envisage pas ma fin avant d'avoir terminé le manuscrit en cours, sachant que mon corps physique ne me demandera pas mon avis.
C'était ma minute de philosophie du Café du Commerce. Et, ceci dit, je n'envisage pas ma fin avant d'avoir terminé le manuscrit en cours, sachant que mon corps physique ne me demandera pas mon avis.