saka

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dimanche 29 août 2010

de l'importance de certains bijoux : bagues, alliances, symboles...?

Sur cette image, il y a trois bagues -mais comme on voit mes deux mains , je viens de m'en rendre compte, cela fait six !!- je voulais juste évoquer celles de la main droite. Peu importe, l'image est de toutes façons trop petite : à l'annulaire il y a les deux bagues que ma mère a porté jusqu'à sa mort, l'une est l'alliance de sa grand-mère maternelle, très belle, en or rose, l'autre une bague que je lui avais apportée, petite émeraude montée sur argent, cadeau de je ne sais quel organisme de vente par correspondance, sans aucune valeur, qui lui avait beaucoup plu. Et je caressais sa main et m'inquiétais de ce qu'elle gonflait, et que les bagues étaient trop serrées. Je craignais que cela soit douloureux. Les infirmier(e)s m'ont rassurée.
Et a posteriori, j'ai compris que la valeur des bijoux importait peu ou pas du tout, ma mère portait à son doigt des alliances symboliques, une morte qu'elle avait beaucoup aimée, sa grand-mère, et une vivante, une de ses deux filles, moi. Je pense que, sa grand-mère et moi, nous étions toutes deux des substituts de sa mère, dans des moments difficiles : sa mise en pension, loin de l'Espagne, sa terre natale, et de ses parents, en ce qui concerne mon arrière-grand-mère, et dans ses deux dernières années de déclin et de perte d'autonomie en ce qui me concerne.
Je me demande ce qu'elle a fait de l'alliance que mon père a dû lui passer au doigt le jour de leur mariage. Et je me rends compte qu'il est trop tard et que personne ne répondra plus jamais à ces questions que je me pose. Perdre sa mère c'est aussi être amputé(e) d'une grande parte de son enfance.

dimanche 8 août 2010

portrait d'une orpheline


C'est extrêmement étrange, cette sensation de vide, de creux au plus profond de soi, jamais je n'aurais cru éprouver un sentiment pareil, je me rends compte que la femme qui m'a portée dans son ventre, faisait partie de moi comme je faisais partie d'elle. Finalement le seul être au monde avec lequel on ait eu une telle symbiose, pendant neuf mois, c'est la mère, la seule, l'unique. Et même quand on a cru s'en être détachée, quand on l'a trouvée pénible, emmerdante, et qu'elle l'a été, même quand on a pensé être soulagée à l'idée de sa disparition, je crois qu'on n'a pas pris la mesure du réel, de l'absence définitive. Tous ces sentiments ambigus, de colère, de révolte, d'amour/haine sont absolument anéantis quand on est confronté à son cadavre, à ce corps qui nous a donné la vie déserté par la vie. C'est un choc extrêmement violent. Et on est obsédé par les derniers jours, dont on sait que ce sont les derniers, mais la vie est encore là, dans la respiration, le souffle, le mouvement des yeux, de la bouche. Et puis, plus rien, un silence et une immobilité définitifs. Et on se prend dans la gueule le sens de "plus jamais".

Je crois que dans l'amour, vrai, total, quand on fait l'amour, la jouissance vient aussi de cette sensation unique de fusion, même si elle est brève, de deux corps imbriqués l'un dans l'autre, vivant l'un par l'autre et l'un pour l'autre. Un rappel à la vie intra-utérine. Entre deux êtres qui s'aiment, cette union-communion des corps crée un lien puissant, indélébile, qui persiste jusqu'à la mort, de l'un et de l'autre. Mais, la fusion totale, définitive, est impossible, nous naissons marqués de la nécessaire séparation, nous naissons dans un cri de peur, de révolte, à notre condition humaine, livrés à la solitude qui sera jusqu'au bout notre seule et fidèle compagne mais qui s'effacera obligeamment devant nos amours de toutes sortes, avant de nous dissoudre en elle-même.





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