saka

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vendredi 16 janvier 2015

Télescopage de cauchemars...

Depuis plus de trois mois, je vis dans un autre monde, en marge du monde avec un grand M, je survis plutôt que de vivre, au jour le jour, au fil de la menace de l'épée mortelle suspendue au-dessus d' un être aimé, enfermée dans une bulle d'angoisse. Et voilà qu'arrive cette horreur, ces assassinats absurdes, déments, ce chagrin collectif qui vient potentialiser mon chagrin personnel, cette atteinte violente à tout ce qui faisait sens dans ma vie, comme dans celle de nombre de personnes : la liberté de penser, de s'exprimer, la lutte contre l'obscurantisme, le fanatisme, le sectarisme et tous ces trucs en "ismes", l'endoctrinement, l'aliénation de la pensée, de l'esprit critique, de l'intelligence au sens premier du terme, c'est-à-dire de la compréhension et de l'appréhension de l'autre, l'acceptation de la diversité humaine dans un respect mutuel des différences et dans celui, inaliénable, de la vie, le questionnement permanent, le refus de se croire détenteur d'une vérité unique qui, loin d'exister, n'est qu'une construction imaginaire et, le plus souvent, mortifère.
"Je suis Charlie" mais je suis aussi les innombrables victimes de l'abject Boko Haram, les petites filles ceinturées d'explosifs envoyées à un sacrifice innommable, celles capturées et vendues comme esclaves par les immondes individus décervelés et déshumanisés d'un prétendu Etat Islamique qui n'est qu'un Etat du mal absolu, un ramassis de minables sadiques, de brutes sanguinaires, sans foi (et surtout pas islamique) ni loi, d'un cynisme absolu, totalement méprisables. Et je regrette de ne pouvoir lutter autrement que par ce billet insignifiant, totalement investie que je suis par mon propre combat, prioritaire, pour la vie d'un homme, pour la vie tout court.