saka

saka

lundi 24 juin 2013

à propos de lectures...

En ce moment, je lis un livre de David Lodge : "Un homme de tempérament" -roman- qui est une biographie romancée de H.G.Wells : beaucoup de faits réels mais aussi d'extraits d'oeuvres, de lettres de cet auteur (Wells) qui ne m'a jamais vraiment attirée malgré sa notoriété dans le monde des lettres. La façon dont David Lodge, qui est un écrivain que j'aime beaucoup, le décrit - l'écrit - me donne envie de le lire, alors qu'un autre "roman"  ( "L'auteur, l'auteur ! ") sur Henry James dont j'ai lu, sinon toute l'oeuvre, du moins la majeure partie, m'avait un peu déçue peut-être parce que ce James, rendu concret en tant qu'homme, ne correspondait pas à l'écrivain que j'aime et admire tant : ses nouvelles sont, pour la plupart, de purs chefs-d'oeuvre ("L'image dans le tapis" entre autres), parmi ses romans "Les papiers de Jeffrey Aspern" (peut-être plus près de la longue nouvelle ou "novela" comme disent les américains), un bijou, "Ce que savait Maisie" est un de ceux qui me touchent le plus, car cette enfant, otage du narcissisme et de l'égotisme de ses parents, m'apparaît comme une soeur et ce qu'elle vit comme l'obsession de mes propres romans. Bref, le livre de Lodge sur H.G.Wells me fait découvrir un sacré bonhomme, très certainement en avance sur son temps, alors que celui sur James ne m'a révélé que des "petits côtés" de celui qui était -et reste- pour moi, un extraordinaire écrivain.
Malgré l'intérêt que je porte à ce livre, je préfère les "journaux" authentiques des écrivains que j'ai aimés -et, pour certains que j'aime encore et toujours. J'ai adoré le Journal d'André Gide, plus que ses romans que j'ai aimés aussi mais je ne suis pas sûre que ce serait toujours le cas, le Journal d'Anaïs Nin, celui de Virginia Woolf, surtout dans sa version non expurgée, "Les mots" de Sartre, mémoires plus que journal est une de ses oeuvres que j'ai le plus aimée. Et je m'apprête à lire, avec curiosité et appétit, le journal de Joyce Carol Oates dont j'ai parlé récemment dans ce blog.
Qui a dit que la curiosité était un vilain défaut ? Je pense que c'est un moteur essentiel à la vie.

samedi 22 juin 2013

C'est jouissif l'écriture

Clin d'oeil à Christiane Rochefort -"C'est bizarre l'écriture"-
J'ai réussi à me remettre au travail sur ce texte qui, justement, me travaille. Me poursuit. Me persécute. Je crois avoir saisi l'origine du blocage et du refus de renoncer à mener ce texte à terme.
Etrange coïncidence : la lampe de mon bureau s'est éteinte brusquement comme si elle participait à ma difficulté - à mon refus peut-être- d'élucider ma réticence-résistance à mener ce travail jusqu'au bout. Ce que j'essaie d'écrire est sans doute trop "réel" pour moi. Je n'arrive pas à prendre la distance que j'avais avec des textes de fiction. J'ai failli écrire "de pure fiction" mais je ne crois pas qu'il y ait de "pure" fiction. Je crois qu'il y a, dans tout texte même dit "roman" une part autobiographique, l'expression d'un vécu, d'une sensation, le souvenir d'un lieu, d'une sensation. Je pense qu'il n'y a pas d'imaginaire "pur", il y a de l'imaginaire ET du vécu, de l'imaginé et du transposé. Dans mon texte sur les marâtres justement, il n'y a que du vécu, de la réminiscence, pas de transposé, pas d'imaginé, c'est sans doute une des raisons pour lesquelles "ça" coince, je trahis mon identité de romancière et n'arrive pas à endosser celle de "mémorialiste", je ne peux me résoudre à romancer cette histoire personnelle dans laquelle en tant qu'enfant puis adolescente et enfin -si peu- adulte j'étais totalement objectivée, impuissante et pourtant présente, si douloureusement présente. Je ne sais pas pourquoi je m'obstine mais, c'est sans doute idiot, je suis -presque- sûre que d'autres ont vécu, non pas la même histoire mais une histoire semblable et j'ai la présomption de croire que je peux mettre des mots sur leur histoire à eux et les aider à l'élucider. Parce qu'il me semble que l'essentiel est là : voir clair, comprendre ce qu'il nous est arrivé quand on n'était pas encore armé pour s'en défendre et enfin pouvoir s'en libérer.
Alors, oui, c'est jouissif l'écriture même quand ça fait mal à mettre au monde, c'est maso l'écriture et donc c'est bizarre aussi.

lundi 17 juin 2013

triste nouvelle...

Je viens d'apprendre par la radio la mort de Maurice Nadeau, grand éditeur, VRAI éditeur à l'affût de talents nouveaux, c'est une grande perte pour la littérature. Il disait lui-même dans une interview qu'il s'était fait virer par bon nombre de maisons d'édition parce qu'il leur faisait perdre de l'argent, le but de la plupart des éditeurs de l'hexagone étant d'en gagner beaucoup au mépris de l'appauvrissement  de la littérature avec un grand L. Maurice Nadeau ne cherchait pas des "coups" ni des "produits" mais des livres, des styles, des écritures, toutes choses qui tendent à disparaître des tables surchargées des libraires. Maurice Nadeau était un éditeur exigeant dont les choix étaient dictés par cette exigence, un homme de culture et un homme indépendant.
Il est un des rares éditeurs (il y a eu Hubert Nyssen aussi ) qui m'ait écrit -à la main- une lettre intelligente et sensible après avoir lu un de mes manuscrits et concluant sa lettre par cette phrase qui m'a beaucoup portée : "vous êtes un écrivain, je le sais, je le sens", ceci après m'avoir dit qu'il ne publierait pas ce manuscrit parce qu'il ne l'avait pas entièrement "convaincu" mais que je devais continuer mon travail. Qu'il soit ici remercié pour m'avoir fait ce cadeau qui m'a permis de conserver  un peu de confiance en moi et de poursuivre mon chemin, si étroit soit-il.

jeudi 13 juin 2013

Joyce Carol Oates sur France Inter...

Bel acte manqué : j'ai oublié de l'écouter ce lundi (10 juin 2013) dans l'émission de François Busnel "Le grand entretien"  mais grâce aux bienfaits de la technique, j'ai pu le faire aujourd'hui en différé sur le site de France Inter. Interview tout à fait passionnante, bien sûr -pour moi qui suis une fan de cette écrivaine- je pense que je vais me précipiter pour acheter son "Journal" car c'est un journal d'écrivain(e) et non pas un journal intime et il se trouve que j'ai ce point commun avec elle depuis tant d'années : journal, non pas d'un quotidien qui n'intéresse pas grand monde à part son auteur mais sorte de tremplin où l'on note les idées qui nous traversent, idées d'histoires à écrire, idées sur ce que l'on est en train d'écrire, notes, réflexions. Christiane Rochefort tenait le même genre de journal dont elle a extrait "C'est bizarre l'écriture", journal de l'écriture de "Printemps au parking" dont j'ai la chance de détenir le brouillon ou les prémices en sus de l'oeuvre publiée.
Ce genre d'écrit, en ce qui me concerne, tient lieu d'exorcisme à la malédiction de la page blanche. Et c'est ce que disait aussi Joyce Carol Oates, incapable de se mettre en face d'une page (blanche, bien sûr) mais à partir d'idées qui lui ont traversé l'esprit pendant qu'elle courait ou lors d'une activité physique, comme de petits films, des images, quelque chose de visuel : autre point commun entre elle et moi. Derniers points communs : elle a commencé à écrire quand elle était enfant et à lire, lire et encore lire, une des oeuvres parmi celles qui l'ont beaucoup marquée : "Alice au pays des merveilles". Pour elle -comme pour moi-, l'apprentissage de l'écriture trouve essentiellement sa source dans la lecture des écrivains qui l' (m') ont précédée. Il ne s'agit pas de copier mais de se nourrir des écrits des autres pour donner naissance à sa propre écriture.
Autre chose qui m'a fait me sentir en symbiose : dans ses lectures, elle ne s'attache pas uniquement à l'histoire qu'on lui raconte mais à sa construction, le fond certes, mais surtout la forme. Quand j'animais des ateliers d'écriture, je me réjouissais de ce que les participants devenaient  des lecteurs critiques et sensibles à la forme : construction du récit et singularité du style.
Bien entendu, nos points communs s'arrêtent là : Joyce Carol Oates est une immense écrivaine, d'une prolixité stupéfiante (elle aurait peut-être dû (pu ?) avoir le prix Nobel mais qui sait ?), moi je ne suis qu'une petite écrivaillonne inconnue MAIS très exigeante (trop ?) et dépourvue de toute confiance en soi. Pourquoi ? Peut-être à juste titre, peut-être aussi pour d'autres raisons d'ordre personnel (historique familial) et bien entendu... névrotique : ouah ! les chiens sont lâchés !